Et si votre retraite dépendait enfin de vous (et plus de l’État) ?
16/06/2025
En France, le système de retraite repose majoritairement sur un mécanisme de répartition : les actifs contribuent directement au financement des pensions des retraités. Ce modèle, longtemps considéré comme exemplaire, révèle aujourd’hui ses failles face aux transformations démographiques et économiques. Pendant ce temps, plusieurs pays ont su intégrer, depuis des décennies, une part de capitalisation afin de consolider la pérennité de leur dispositif. Pourquoi la France persiste-t-elle dans cette voie solitaire, et surtout, jusqu’à quand ? Un modèle à bout de souffle Le système de répartition fonctionnait de manière optimale durant les Trente Glorieuses, période marquée par une forte croissance, une natalité dynamique et une population active abondante. Mais le contexte a profondément changé : en 1960, on comptait quatre cotisants pour un retraité ; en 2020, ce rapport s’est réduit à 1,7, et il poursuit sa chute. Sur la même période, la fécondité a chuté de 2,74 à 1,62 enfant par femme, tandis que les naissances sont passées de 830 000 à 663 000 par an. Parallèlement, l’espérance de vie s’est considérablement allongée, avec un gain d’environ 13 ans pour les hommes et 12 ans pour les femmes depuis 1960. Conséquence : des réformes incessantes, un âge de départ à la retraite repoussé, et des pensions en stagnation, voire en baisse. La capitalisation, un levier encore trop négligé Pendant ce temps, des pays comme les États-Unis (où la capitalisation couvre 70 % des retraites), les Pays-Bas ou la Suisse (environ 50 %) ont misé sur un système hybride, articulant répartition et capitalisation. En France, cette dernière demeure marginale, ne représentant qu’environ 10 % des pensions, à travers des dispositifs comme le PER ou le PERCO, souvent méconnus et sous-utilisés. Pourquoi la capitalisation devient-elle incontournable ? Loin d’être une menace pour le modèle social français, la capitalisation pourrait en réalité en devenir un complément salvateur. Elle offrirait : Une sécurisation des retraites : en diversifiant les sources de financement, on limite les risques liés à la dépendance exclusive à un modèle fragilisé. Une liberté accrue : chacun pourrait ajuster sa préparation à la retraite selon ses aspirations personnelles et son parcours de vie. Un rôle stabilisateur : les pays ayant adopté une combinaison des deux systèmes affichent des régimes plus robustes et durables. Un soutien à l’économie : les fonds de pension participent au financement des entreprises via les marchés, favorisant l’investissement productif, l’innovation, et la création d’emplois dans la finance et la gestion d’actifs. Ce modèle contribue également à renforcer l’attractivité économique du pays. Évidemment, un tel virage ne peut s’opérer du jour au lendemain. Il nécessite un cadre réglementaire clair, des incitations à l’épargne longue et un effort pédagogique majeur pour familiariser les citoyens à cette culture nouvelle de la retraite. Toutefois, une chose est certaine : le modèle actuel s’essouffle. La véritable question n’est plus si la France doit évoluer vers davantage de capitalisation, mais quand. Adopter une logique anticipatrice, plutôt que subir l’inéluctable, permettrait d’édifier un système de retraite plus équilibré, plus résilient et mieux adapté aux défis de demain. Préparer l’avenir des retraites, c’est aujourd’hui construire un socle plus robuste, plus libre et plus équitable pour l’ensemble des générations.